Ces prix organisés chaque année par les Compagnies d’Arc sont la seule survivance actuelle des rencontres qui se pratiquaient entre Sociétés voisines, dès la fin du Moyen Age.
L’arc avait perdu la fonction d’arc de guerre, mais les archers avaient continué de l’utiliser en tant qu’instrument de loisir, instituant ainsi une démarche sportive. De plus, ces sociétés, issus des francs archers et s’inspirant du compagnonnage donnaient des moyens d’entraide et de défense des valeurs humaines. Une forte relation avec l’église existait, celle-ci étant omniprésente à l’époque.
Les seules possibilités d’échange culturel ou de se mesurer à d’autres archers étaient donc les prix, organisés ponctuellement tantôt par l’une ou l’autre Compagnie et étaient quelque fois prétexte à manifestations somptueuses et réjouissances sur plusieurs jours. Des dizaines de Compagnies pouvaient y participer et venaient, en grande tenue, parfois à cheval et de fort loin.
Aujourd’hui si ces prix existent encore, c’est qu’ils permettent aux archers de se retrouver, dans des lieux différents, mais où les règles sont les mêmes partout. Là où le tir fédéral impose un classement sur le nombre de flèches tirées, un arbitre, une inscription préalable, une tenue vestimentaire agrée, le Prix Général, à l’opposé, n’impose rien d’aussi formel. Bien sûr, les dates sont connues… mais pas de rendez-vous, pas d’arbitre, une tenue correcte évidemment… et une carte Beursault. Un seul but : faire un noir ! Et on a soixante flèches pour le réaliser. Rien d’autre ne compte… la pression du résultat ? Inconnue !
Et le plaisir particulier de rencontrer les amis des Compagnies voisines, dans des logis et des jeux très différents, mais où règne une grande fraternité et où l’on retrouve les même traditions.
Un plus ? Eh oui… il y a des prix en argent, dont le montant est bien sûr proportionnel à la valeur du « coup au noir » qui a été fait sur le « marmot ». Jusqu’à une époque assez récente, le « petit prix » amalgamé au prix général, pouvait être misé plusieurs fois. Le remboursement immédiat d’un « noir » permettait dit-on, de payer le ticket d’autobus, à un moment où la voiture personnelle était rare. De nos jours, ce remboursement existe toujours (deux coup au maximum), mais il est de coutume, compte tenu de la modicité de la somme (et de ce qu’elle pourrait rembourser !) de mettre cet argent dans le « tronc » de la Compagnie… mais ce n’est pas une obligation.
Les archers des Compagnies ont l’habitude de ces Prix, mais ceux-ci sont ouverts à tous. Et c’est avec le plus grand plaisir que les « initiés » accueillent les néophytes. Alors pourquoi ne pas essayer ?